Résumer la finale de l'Euro-2004 entre le Portugal et la Grèce à l'opposition entre le football samba du Brésilien Luiz Felipe Scolari et la rigueur de l'Allemand Otto Rehhagel est peut-être un peu schématique mais reflète assez bien le contraste entre les deux systèmes

LISOBONNE Les entraîneurs des deux finalistes ont bâti des équipes et défini un style de jeu aussi bien en fonction des qualités des joueurs dont ils disposent que de la culture tactique de leur pays d'origine.

Le Portugal est une formation équilibrée, solide dans toutes ses lignes, et s'appuyant sur un 4-2-3-1 lui permettant d'exploiter au mieux le talent de ses joueurs clés.

Scolari a dû changer plusieurs hommes, dont le vétéran Fernando Couto, tout en conservant son schéma tactique. La défense dirigée par Ricardo Carvalho est solide, renforcée quand cela est nécessaire par le milieu récupérateur Costinha, qui n'hésite pas à reculer d'un cran. Les défenseurs latéraux, quant à eux, pensent avant tout à bloquer leur couloir avant d'essayer de porter le danger devant.

Déjouer

Enfin, Maniche, le deuxième milieu, rescapé de la dernière heure, est aussi utile dans la récupération du ballon que dans sa relance. En plus, il n'hésite pas à prendre sa chance et a déjà réussi deux buts depuis le début de l'Euro, dont un superbe contre les Pays-Bas en demi-finale.

La Grèce, quant à elle, est une véritable machine à faire déjouer son rival, une sorte de formation caméléon qui s'attaque aux points forts de l'adversaire pour mieux le déstabiliser, avant de lui asséner un contre mortel.

La particularité tactique de Rehhagel, un intégriste de la défense à l'ancienne, est d'évoluer avec deux stoppeurs prenant en charge les pointes adverses, mais avec un libero (Dellas) placé derrière sa défense alors que la tendance est aujourd'hui à le faire jouer devant les défenseurs. Au milieu Georgios Karagounis sera suspendu à la suite de sa 4e carte jaune du tournoi.

Mais la grande force du Portugal vient de ses cinq joueurs à vocation offensive. Même s'il recherche l'équilibre et l'efficacité dans le collectif, Scolari dispose en attaque, outre Maniche, de quatre joueurs capables de faire la différence individuellement sur un exploit technique.

Relation privilégiée

Figo, le seul galactique à la hauteur de sa réputation, Deco et Cristiano Ronaldo ont en effet une relation privilégiée avec le ballon. En revanche, Pauleta, le buteur opportuniste est handicapé par une pubalgie et ne fait pas preuve de son efficacité habituelle.

De son côté, la Grèce, tout en passant le plus clair de son temps à annihiler le jeu adverse, est très efficace les rares fois où elle décide à se projeter en attaque. La vivacité de Vryzas, le jeu de tête de Charisteas (1,91 m) font souvent des merveilles, en général au premier poteau.

En finale, la Grèce restera fidèle à ses principes. "Nous sommes ici pour obtenir des résultats. Ce qui est moderne est ce qui gagne", lance Rehhagel à ceux qui lui reprochent la frilosité de sa formation.

La solution viendra peut-être de la capacité du Portugal à mettre le feu dans les couloirs, à jouer très vite pour essayer d'ouvrir des brèches dans le bloc hellène.

De toute façon, il ne faut sûrement pas s'attendre à ce que la Grèce prenne le moindre risque pour la première fois qu'elle sort d'une première phase de groupe.

"Je me contenterai bien du même score que lors du match d'ouverture", ironise Rehhagel, histoire de rappeler aux Portugais l'affront du 12 juin (2-1). "Le match sera différent de celui d'ouverture. le Portugal sera beaucoup plus fort. Mais ils vont aussi découvrir une autre équipe. Notre détermination sera encore plus forte" a ajouté Rehhagel.