Des mesures de sécurité sans précédent au Portugal (08/06/2004)
Pour assurer la protection des milliers de supporters attendus pendant l'Euro, les pouvoirs publics ont déployé le plus important dispositif de sécurité jamais vu au Portugal. «Nous disposons de moyens comme nous n'en avons jamais eu auparavant», a déclaré récemment le Premier ministre José Manuel Durao Barroso.
Le rétablissement le mois dernier des frontières jusqu'à la fin du championnat est certainement la mesure la plus visible décidée par le gouvernement après les attentats de Madrid du 11 mars dernier. Pour la première fois depuis les accords de Schengen de 1991 sur la libre circulation au sein de l'Union européenne, les contrôles d'identité ont été rétablis. Depuis, plus d'un millier de personnes ont été refoulées.
Au total, quelque 20.000 policiers portugais spécialement formés seront sur le pied de guerre pendant toute la durée de la compétition sportive afin d'assurer la sécurité du demi million de supporters étrangers attendus.
Les forces de l'ordre, privées de congés durant le championnat, seront chargées de lutter contre les risques d'attentats terroristes mais également contre les phénomènes de hooliganisme. Des milliers de hooligans notoires, principalement anglais et allemands se sont vus interdire l'entrée au Portugal.
Les jours de match, près de 4.000 policiers seront mobilisés, dont un millier à l'intérieur des enceintes sportives. Ils seront épaulés par plus d'une centaine d'officiers de police des 15 pays étrangers qualifiés et des agents privés chargés d'assurer la sécurité à l'intérieur des stades et d'empêcher les supporters d'envahir la pelouse. Les spectateurs quant à eux devront franchir trois barrages de sécurité et seront fouillés avant d'entrer dans les stades.
Des avions radar Awacs et des F-16 fournis par l'Otan survoleront l'espace aérien, qui sera fermé les jours de compétition entre midi et minuit. Le Portugal a fait l'acquisition de nouveaux équipements anti-émeute, pour un montant de 12,4 millions d'euros. Un système de vidéo-surveillance devrait être installé dans plusieurs villes, tandis que des tireurs d'élites seront postés à des points sensibles.
Lisbonne, Porto ou Faro sont considérés par les organisateurs comme les points névralgiques, tout comme les centres de divertissement nocturne, les quartiers commerçants et les plages.
Près de 1.200 fonctionnaires de justice seront placés en alerte pour permettre à une vingtaine de tribunaux de fonctionner jour et nuit pendant l'Euro. Quatre centres de détention temporaire accueilleront les fauteurs de troubles éventuels.
La sécurité des 16 équipes sélectionnées est l'autre grande préoccupation des organisateurs. Certaines équipes jugées vulnérables, comme la sélection anglaise, bénéficieront d'une protection rapprochée. Chaque joueur se verra affecter un garde du corps. L'autocar de la sélection empruntera un trajet différent à chaque déplacement. Si le gouvernement se veut rassurant, avec un dispositif qu'il veut aussi discret que possible afin de ne pas verser dans la «psychose sécuritaire», il n'en demeure pas moins conscient de ses limites. «Aucun gouvernement responsable peut dire qu'il n'y aura pas d'attaque terroriste», soulignait M. Durao Barroso, à la suite de la mise en garde du département d'Etat américain contre d'éventuels attentats pendant l'Euro. «Le Portugal ne figure pas dans la liste dressée par les Etats-Unis des 32 pays cibles du terrorisme, mais des sélections de pays directement menacés, comme l'Angleterre, la France, l'Allemagne et l'Italie seront là», souligne de son côté Leonel Carvalho, coordinateur de la sécurité de l'Euro.
|
|