Ils ont tremblé jusqu'au bout! (21/06/2004)
Les Russes se retirent avec les honneurs

FARO Même Otto, le nouveau dieu de l'Olympe, n'était pas préparé à ce scénario: un but russe d'entrée de jeu!

Dans ses mises en garde contre l'excès de confiance, le coach allemand de l'équipe surprise du groupe A n'avait pas imaginé non plus que ces Russes, qui n'avaient pas encore inscrit le moindre goal et qui étaient déjà éliminés, doubleraient leur avantage un petit quart d'heure plus tard.

Son cauchemar est pourtant rapidement devenu réalité.

On ne jouait pas encore depuis deux minutes que Kirichenko, bien lancé dans l'axe, s'engageait entre les deux défenseurs centraux de la défense la plus costaude du tournoi pour ajuster Nikopolis d'un envoi placé à ras du montant, à la droite du gardien grec (1-0). Le Russe signait là, pour une poignée de secondes, le but le plus rapide de l'histoire de l'Euro.

Libérés de toute contrainte de résultat, les Russes, métamorphosés, se firent plaisir. Incisifs, progressant en un temps, exploitant bien les espaces, ils déferlèrent avec adresse vers le but grec. A la 17e minute, sur coup de coin délivré de la droite, Bulykin catapulta de la tête le ballon dans le plafond du but (2-0).

Et les Grecs dans cette tourmente? Ils n'inquiétèrent qu'une seule fois Malafeev au cours de la première demi-heure: sur un couo franc bien délivré par Basinas. Impeccable, le gardien russe se détendit pour concéder un coup de coin.

Les Russes, alors, relâchèrent quelque peu leur étreinte. Dans un premier temps, les Grecs, toujours aussi éperdus, n'exploitèrent pas l'aubaine. Ils reprirent pourtant espoir à la 43e minute sur une phase en apparence anodine que la défense russe ne maîtrisa pas. Sur un centre haut et aveugle venu de la droite, l'insuffisant Papadopoulos servit, de la tête, Vryzas dans l'axe. Ce dernier remporta son duel avec Sharonov pour tromper Malafeev (2-1).

Otto Rehhagel, qui avait déjà procédé à un remplacement, reprenait espoir même si ce but grec concrétisait la seconde occasion d'une première période dominée pratiquement d'un bout à l'autre par l'équipe déjà éliminée.

Sychev, le feu follet russe, monta au jeu à la reprise. Dans un premier temps, il n'eut guère l'occasion de se distinguer. Plus compacts mais surtout plus agressifs, les Grecs firent enfin davantage qu'équilibrer les échanges sans toutefois parvenir à menacer vraiment Malafeev. A la 53e minute, la Russie perdit Sharonov, sévèrement touché à la cheville dans un contact avec Chariteas. Huit minutes plus tard, Nikopolidis, lui aussi moins à l'aise que lors des deux premiers matches, ne put bloquer un dur envoi de loin de Sychev.

Dans la crainte d'encaisser un troisième but fatal, les Grecs redevenaient fébriles. Les Russes, qui voulaient absolument gagner, continuèrent d'attaquer de manière plus incisive car plus posée. On retrouvait là tous les ingrédients d'une véritable tragédie grecque... le fâcheux dénouement excepté.

Sur son banc, Otto Rehhagel ne se tenait plus. Dans une chanson de gestes très télégénique, il exhortait ses joueurs à attaquer plus résolument. Mais c'est Kirichenko qui alerta encore Nikopolidis à la 75e minute. Trois minutes plus tard, Malafeev se distingua sur un bon coup franc de Tsiartas.

A la 87e, sur centre d'Anjukov, Kirichenko manqua le but d'une pointure. Les Grecs restaient qualifiés: ils venaient de signer le plus bel exploit de leur histoire.