Allemagne - Pays-Bas (détail)
Ballack : `Au moins en demi-finale!´
(15/06/2004)
Michael Ballack, seul artiste d'une Allemagne qu'une fois encore on n'attend pas...
PORTO Le Mondial asiatique de 2002 eût-il connu un autre dénouement si Michael Ballack, une des stars de l'épreuve, avait participé à son apothéose?
La question, qui demeurera éternellement sans réponse, n'a plus lieu d'être.
Ce soir, au stade du Dragon, le meneur de jeu atypique du Bayern Munich va s'atteler, avec l'appui de ses partenaires, à un authentique travail d'Hercule: balayer tous les doutes, légitimes, qu'on peut nourrir sur la véritable valeur de cette Mannschaft en reconstruction, qui n'éblouit jamais tout en manquant très rarement un grand rendez-vous. Sur cette formation allemande qui, bien davantage que naguère, paraît rechercher, aujourd'hui, une réelle assise défensive et qui ne s'appuie ni dans l'entrejeu ni en attaque sur d'authentiques figures de proue.
Sauf peut-être, précisément, sur Ballack.
Cet élégant soliste, qui assure `je ne suis pas un meneur de jeu classique´, a suscité la polémique tout au long de la saison. Son manque d'emprise sur le jeu du Bayern a attisé la critique. Sa personnalité en apparence trop effacée a contribué à écorner un crédit que lui seul peut restaurer.
Ballack peut s'ériger en âme d'une formation plus laborieuse que brillante qui cherchera encore son salut dans ses valeurs ancestrales: `Avant tout la discipline. Nous ne sommes pas aussi talentueux que les Français, les Hollandais voire les Espagnols. Mais en jouant de manière compacte et ordonnée nous pouvons nous révéler très difficiles à battre.´
Michael Ballack ne s'érige peut-être pas en stratège mais il émarge à la catégorie des solistes dotés d'une technique raffinée et particulièrement subtil dans la lecture du jeu, atout qui lui permet souvent d'inscrire, de la tête essentiellement, des buts décisifs. Il possède comme personne, sur phases arrêtées, l'art de se faire oublier alors qu'il occupe précisément le positionnement le plus avisé qui soit pour surprendre le gardien adverse.
Mais Michael Ballack n'est pas un meneur d'hommes. Il enfile rarement son bleu de chauffe. Quand son équipe sombre, il se noie fréquemment avec elle.
Est-ce pour cette raison qu'il refuse, de nouveau, une trop vive exposition à la pleine lumière? `Au Mondial de 2002, nous ne nous sommes pas hissés en finale par la seule grâce de Kahn ou de moi-même. L'équipe était costaude parce que des éléments comme Hamann, Frings ou Schneider, pour ne citer qu'eux, s'étaient sublimés en permanence. Si on veut aller loin dans cet Euro, ils devront s'ériger une fois encore en pierres angulaires de l'édifice.´
Michael Ballack avance un autre argument de vente, sans verser dans la comparaison avec les Hollandais: `Un autre ingrédient du succès est l'ambiance qui prévaut dans le groupe. L'esprit d'équipe doit constituer un atout. C'était le cas chez nous en 2002. Ce le sera également cette année au Portugal.´
Michael Ballack devrait évoluer dans le rôle qu'il affectionne: en soutien d'attaque très légèrement décentré sur la gauche.
Quelle Allemagne va-t-on découvrir? Celle de 1996, qui avait triomphé en Angleterre? Ou celle de 2000 qui n'a pas survécu au premier tour?
`J'aspire à disputer la finale. Mais je serai déçu si nous n'atteignions pas les demi-finales´, avoue l'élégant Bavarois.
© Les Sports 2004