Les supporters implorent Ftima (19/06/2004)
Qu'ils soient espagnols ou portugais, ils ont rallié la ville pieuse pour tenter d'aider leur nation...


FTIMA On se rend, généralement, à Ftima pour prier ou pour s'y recueillir. Mais les chemins qui y mènent révèlent, eux aussi, toute la foi d'un peuple dont la religion la plus représentée est le catholicisme. Ainsi, dans le jardin d'une de ces nombreuses demeures qui bordent la route qui conduit à Ftima, une statue de la Vierge tend les bras sur les côtés afin de... soutenir le drapeau portugais. À quelques heures du coup d'envoi de la dernière rencontre de leur groupe, la volonté de certains pèlerins n'est pas d'implorer le Pardon de la Sainte Vierge mais, plutôt, de demander aux esprits divins de venir en aide à leur équipe nationale.

Suite au partage entre les Grecs et les Espagnols, les Portugais se trouvent, en effet, dans l'obligation de battre des Espagnols, qui peuvent quant à eux se contenter d'un partage, ce dimanche à Lisbonne s'ils veulent assurer leur qualification pour les quarts de finale.

Vêtu du maillot de Luis Figo, Armando s'est spécialement rendu sur le lieu du culte pour implorer Ftima et lui demander de venir en aide à Rui Costa et ses potes. `J'ai spécialement pris congé pour venir ici, avoue ce jeune homme de 28 ans. Je travaille comme carrossier à Sintra à plus de 200 kilomètres d'ici...´

L'homme n'est pas seul. Il est accompagné de son père qui est, visiblement, un habitué de l'endroit. `Il s'agit de ma 3e visite à Ftima, avoue Luiz. Je m'y étais déjà rendu lors du Championnat d'Europe en 1984 en France où le Portugal avait atteint le stade des demi-finales. J'y étais venu aussi pour implorer l'aide de la Sainte Vierge afin qu'elle nous vienne en aide pour la naissance de mon autre fils qui s'est déroulée dans des circonstances particulièrement délicates. Tout le Portugal est derrière son équipe. Et la Sainte Vierge aussi", glisse-t-il en pointant du doigt la statue d'une Vierge coiffée d'une grande couronne et vêtue d'une longue robe blanche. Son regard grave et ses mains jointes incitent le badaud au recueillement tant elle semble devoir supporter toute la peine du monde...

`Luiz Figo n'a pas encore marqué la compétition de son empreinte, poursuit Armando. Il n'a toujours pas inscrit de but mais il a tiré sur le poteau. Cette fois, je prie pour que chacun de ses envois puisse terminer leur course au fond des filets. Je suis persuadé que Luiz s'est préservé pour cette confrontation face à quelques- uns de ses équipiers du Real Madrid. Il connaît la Liga sur le bout de ses crampons et je suis convaincu qu'il sera particulièrement motivé à l'idée de démontrer toute sa valeur à un peuple qui ne l'a pas toujours ménagé en terme de critiques...´

Mais le recueillement et la prière ne sont pas les uniques faits de supporters portugais. Un Espagnol s'approche du sanctuaire à genoux. Et sa présence ne passe, bien évidemment, pas inaperçue aux yeux des Portugais qui acceptent difficilement qu'un de leurs rivaux puisse fréquenter leur propre lieu de culte. Coiffé d'un chapeau rouge sur lequel on distingue deux cornes de taureau, l'homme porte aussi sur ses épaules le drapeau de son pays. `Je suis venu ici avec sept copains, nous confie-t-il. Nous sommes tous des supporters du Celta Vigo. J'avais songé me rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle pour prier afin que le Celta puisse se maintenir en Liga. Faute de temps, je n'ai malheureusement pas eu le temps de m'y rendre. Tout le monde sait ce qu'il est advenu du Celta. Il a terminé le championnat d'Espagne à la 19e place et n'a donc pu éviter la culbute en D 2. Je m'en serais voulu de ne pas être passé ici pour soutenir la Seleccion, cette fois. Nous sommes arrivés ce matin de Porto. Comme nous étions en chemin, nous nous devions de nous arrêter pour implorer l'aide divine. ´

Car Espagnols et Portugais se sentent impliqués dans la culture footballistique de leur pays. Et s'ils ont foi en leur équipe nationale, ils ont aussi les foies.

ENVOYÉ SPÉCIAL AU PORTUGAL FRÉDÉRIC DE BIOLLEY

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