Angleterre (Groupe B)
Paul Scholes, l'anticonformiste (17/06/2004)
Même Zinedine Zidane ne tarit pas d'éloges au sujet du médian anglais le plus sous-estimé d'Europe
LISBONNE `Comme je joue dans la ligne médiane, je regarde plus particulièrement les milieux de terrain. Et chez les Anglais, j'adore Paul Scholes! ´
Ces mots sortent de la bouche même de Zinédine Zidane.
Et il est vrai que le médian de Manchester Utd fut, sans aucun doute, le meilleur joueur britannique sur la pelouse dimanche dernier face aux Français et cela même s'il évolua à gauche dans une position qu'il n'avait plus occupée tant dans son club qu'avec l'Angleterre depuis de nombreux mois. `Tant que je peux jouer, je m'en fiche ´, nous avoue-t-il d'emblée. `J'avais déjà occupé ce poste par le passé avec Manchester United. Et je dois bien avouer que c'est une position dans laquelle j'aime évoluer. Elle m'offre beaucoup de liberté car je sais que je suis couvert par deux médians défensifs et que je peux m'infiltrer dans le rectangle adverse pour essayer de surprendre l'adversaire. ´
Mais malgré son rendement et l'admiration qu'il suscite auprès des véritables connaisseurs du ballon rond, Paul Scholes ne fait pas l'unanimité dans son pays. Une certaine presse londonienne n'a d'ailleurs pas hésité à mener une véritable campagne pour que Frank Lampard lui soit préféré dans l'axe du jeu. Fort heureusement, Sven-Göran Eriksson n'a pas cédé à cette nauséabonde pression puisqu'il aligna les deux joueurs dans l'entrejeu anglais face à la France. `J'ai effectivement remarqué toutes ces manigances avant notre prestation face à l'Islande en match de préparation pour l'Euro `, remarque-t-il. `Mais depuis notre large victoire (NdlR: 6-1!), ceux-là même qui plaidaient pour ma mise à l'écart se sont subitement tus. Notre ligne médiane travaille bien et fonctionne à merveille dans cette configuration. Chaque joueur se sent à son aise dans la tâche qui lui est assignée. ´
Incertain contre la Suisse!
Touché à la cheville lors du match contre les Français, Paul Scholes ne s'est plus entraîné depuis lors et pourrait déclarer forfait pour la rencontre face à la Suisse. ´ La décision le concernant sera prise au dernier moment´, déclare l'entraîneur suédois de l'Angleterre.
L'éventuelle absence de Paul Scholes s'apparenterait à un gros coup dur pour l'Angleterre qui serait ainsi privée d'un de ses meilleurs éléments. Car en dehors d'un immense talent révélé sur les pelouses, Paul Scholes n'a pas son pareil pour esquiver toute polémique. Attaquant de formation, il s'est toujours plié de bonne grâce aux exigences de ses différents entraîneurs qui ont placé en lui une confiance inébranlable. A 29 ans, il est d'ailleurs devenu le deuxième joueur plus expérimenté de l'équipe d'Angleterre derrière Sol Campbell qui le précède de deux petits mois seulement. `Le temps presse pour moi et j'aimerais gagner quelque chose au plus haut niveau. Notre défaite face à la France n'a pas anéanti cet espoir. Je suis persuadé que nous pouvons encore réussir notre tournoi. A chaque fois, je pourrais craindre qu'il s'agit de ma dernière chance de remporter une compétition de cette envergure mais, sincèrement, je préfère me consacrer sur cet Euro sans tirer de plans sur la comète et en savourant chaque seconde où je me trouve sur le terrain. ´
Car Paul Scholes n'oublie pas qu'une suspension l'avait empêché de disputer la finale de la Ligue des Champions remportée par son club face au Bayern Munich en 1999 à Barcelone.
A l'inverse de David Beckham, Paul Scholes mène une vie rangée et discrète. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est devenu la coqueluche de l'exigeant public d'Old Trafford. `Ma journée idéale? M'entraîner en matinée. Aller chercher mes enfants à l'école. Revenir à la maison. Jouer avec eux. Les mettre au lit puis regarder un peu la télévision...´
Même son statut de valeur sûre du ballon rond en Europe n'éveille en lui aucun soupçon de prétention... `Je suis comme ça, c'est dans mon caractère ´, lance-t-il un peu gêné. `Je ne pense pas à tout cela. J'aurais peut-être pu gagner plus d'argent mais cela n'a guère d'importance à mes yeux. Quand j'étais jeune, je ne refusais jamais ce que l'on m'offrait car j'étais très timide. A l'heure actuelle, je ne suis lié à aucun agent ni à un quelconque manager. Je ne suis pas à la recherche de contrats juteux. Ce n'est pas dans mon tempérament. Je n'ai signé, en fait, que deux engagements. Un avec une marque de chaussures de football et l'autre avec Manchester United. Et je compte bien les honorer jusqu'au bout...´
De nos jours, cette race de footballeur a tendance à s'éteindre. Malheureusement...
© Les Sports 2004