France (Groupe B)
Au sommet de son art (02/06/2004)
Le visage émacié de l'homme en forme, souriant et décontracté malgré la pression médiatique qu'il maîtrise mieux, Zinédine Zidane a avoué se sentir «au sommet » (de sa carrière) alors que la France prépare l'Euro 2004 de football.
Q: C'est votre premier stage de longue durée avec les Bleus depuis le Mondial 2002.
R: «Non. C'est mon premier grand stage depuis le Mondial 1998.
Je l'apprécie d'autant plus. En 2002, j'avais rejoint le groupe deux jours après la naissance de mon fils et puis il y avait eu la blessure. Je voyais le groupe sans préparation. C'était terrible.
Là, ce n'est pas le cas. On a quinze jours à passer ensemble. On a eu cette semaine à la Grande-Motte et maintenant il y a cette semaine très importante où l'on va pouvoir penser à travailler dur mais tranquillement. On ressent tous qu'il y a quelque chose de différent. »
Q: Comment êtes vous psychologiquement et physiquement ? Avez-vous toujours la même envie de gagner ?
R: «J'ai 32 ans, je me sens en pleine possession de mes moyens.
Je me sens au sommet. La saison avec le Real Madrid s'est terminée difficilement. A la fin cela durait un peu. Maintenant, cela fait une dizaine de jours que je n'ai plus joué et cela me manque un peu.
Mais, en même temps, je suis content. C'était bien de ne pas faire le match d'Andorre. J'ai pu me reposer. Aujourd'hui tout va bien et la compétition arrive bien. On se sent tous un peu frustrés par rapport à 2002. On pense à défendre notre titre. C'est une équipe de gagneurs. De toute façon, l'objectif est toujours le même: gagner.
Si je gagne dix fois d'affilée, la 11e fois j'aurais toujours la même envie. »
Q: A quoi va servir le match de dimanche contre l'Ukraine ?
R: «On n'avait pas vu une grande équipe contre la Corée. On veut que cela soit le cas contre l'Ukraine. Car l'Angleterre cela va venir vite derrière. Mais, nous n'en sommes pas encore là. Ce match contre l'Ukraine va être important pour plein de raisons, notamment pour voir où en est l'équipe. On se doit d'être très performants.
C'est bien de jouer l'Ukraine, une équipe solide qui va nous donner du fil à retordre. »
Q: Après, le 13 juin, c'est l'Angleterre. Les retrouvailles avec David Beckham ?
R: «Oui, ça sera un match un peu spécial. Un peu comme le France-Italie de 1998. Dans ce genre de rencontre la motivation est multipliée par dix. Quand on avait battu les Italiens, Tutu (Thuram) était dix fois plus content que moi. Quant à Beckham, il a fait une formidable saison pour une première année au Real, surtout à un poste inhabituel. Malheureusement, il doit avoir la même réflexion que tout le monde sur la fin de saison du Real. »
Q: Avec l'arrivée de Jose Antonio Camacho la discipline va sans doute changer au Real ?
R: «Sur le terrain c'est l'entraîneur le patron. C'est clair.
Mais, dans son quotidien, chacun est libre de faire ce qu'il veut de sa vie. Je suis un footballeur professionnel de haut niveau. C'est mon image personnelle avant tout. Après, que l'on me dise que l'on est plus que des footballeurs... (moue dubitative) »